Du poulet Goliath pour relever la filière dans le Nord Cameroun
Pour booster la filière avicole dans la partie septentrionale du pays, la race Goliath est en expérimentation dans la région du Nord et un peu partout dans les petites localités environnantes. Cette espèce résulte de plusieurs croisements génétiques entre des races de poulet qui permettent d’obtenir une race hybride plus résistante au climat chaud du Grand-Nord.
La filière avicole est à la croisée des chemins dans la région du Nord. Émaillée par plusieurs difficultés, cette filière peine à décoller dans cette partie du pays. Parmi les raisons avancées par les acteurs, les difficultés liées à l’acquisition des poussins d’un jour, le manque de patience pour l’élevage de la poule pondeuse et le climat chaud du Grand-Nord. Pour Saliou, éleveur dans la ville de Garoua, « l’éleveur nordiste veut gagner tout de suite, alors que la poule pondeuse considérée comme une industrie produit entre 315 et 320 œufs par an », renseigne-t-il. Il renchérit : « La chaleur est la principale difficulté ici à Garoua. Elle tue les poussins, surtout les poulets de chair qui ne supportent pas trop la chaleur. La seconde difficulté est la rupture des aliments de la volaille ».
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Daouda Sadou est un aviculteur résident à Nassarao, un quartier de la ville de Garoua, région du Nord. Président de la Coopérative des aviculteurs du septentrion (Avisep). Celui-ci expérimente « les poulets goliath », une race améliorée des poulets bicyclettes ou poulets villageois comme alternative aux difficultés auxquelles les aviculteurs font face dans le septentrion. Cet aviculteur a mis à profit son expérience et connaissance acquises lors des séminaires et ateliers de renforcement de capacité, tant au niveau national qu’à l’échelle international.
Poulets baptisés « goliath »
Les poulets baptisés « goliath » sont une race rustique originaire du Bénin qui résultent de plusieurs croisements génétiques entre des races de poulet. « C’est à l’issu de quatre croisements de la ponte industrielle et le poulet bicyclette que nous avons obtenu les poulets Goliath », révèle Daouda Sadou, l’un des rares aviculteurs qui expérimentent cette race d’origine étrangère au Cameroun. D’après lui, cette espèce concentre des mérites valables tant pour les professionnels de l’élevage que pour les consommateurs.
Selon les professionnels de l’aviculture, la goliath est une race locale forte et améliorée qui s’adapte mieux au climat chaud du Sahel. C’est un croisement qui produit des espèces dodues en chair appréciées par les consommateurs. « Le non goliath a été donné par les béninois. J’ai discuté avec eux lors des séminaires et je suis en train d’expérimenter cela à Garoua. Les restaurateurs aiment beaucoup la viande de la goliath, car c’est un mélange entre la viande des poulets villageois et celle des poulets industriels », explique Daouda Sadou.
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Dans la partie septentrionale, moins de 700 aviculteurs maintiennent encore la filière. D’après les chiffres recueillis auprès de l’Avisep, il existe environ 112 éleveurs de poulets à Garoua, 200 à Maroua et environ 350 à Ngaoundéré. Plusieurs familles expérimentent l’élevage des poulets goliath dans la région du Nord et même au-delà. Ces derniers s’approvisionnent pour la plupart à Nassarao. Ainsi, le poussin d’un jour coûte 1000 F Cfa, celui démarré de trois semaines est vendu à 2000 F Cfa, tandis que les poussins de 30 jours reviennent à 3000 F Cfa.
Malgré le manque de comptabilité, Saliou déclare avoir vendu au moins 5 000 poussins en 2022. « On a environ 700 cheptels pour l’élevage des parents, environ 2000 pour l’élevage des jeunes reproducteurs et plus de 2500 poussins de tout âge (d’un jour à un mois) », ajoute-t-il.
Jérôme Baïmélé