Après ses études à l’Institut de Régulation d’Automation (IRA) à l’Ouest du Cameroun, Rodolphe Ngouleu n’avait qu’un rêve dans la tête: devenir un jeune agri-businessman. De retour à Bangui, la capitale centrafricaine, il a réuni des jeunes et ils se sont lancés dans la culture du maïs et des arachides. Mais, ce passionné d’agriculture s’est rendu compte au fil de ses recherches qu’à la Société d’État de Gestion des Abattoirs(SEGA), des sous-produits comme le sang, les peaux et les cornes de bœuf pouvaient être utilisés.
Rodolphe Ngouleu a alors misé sur le sang. « Il s’agit de collecter le sang frais après chaque abattage des animaux, en respectant toutes les conditions d’hygiène pour cuire, sécher et stocker pour la vente. C’est un domaine qui demande beaucoup d’énergie», souligne le centro-camerounais. Le procédé est simple : Rodolphe et ses 23 employés collectent le sang frais des bœufs dans les abattoirs et les analysent par un vétérinaire. Ils les font cuire jusqu’à l’obtention d’une pâte rouge bordeaux qui est séchée au soleil: on obtient alors la farine de sang.
Si l'usage de la farine de sang en tant que complément alimentaire pour le bétail, le poisson ou les volailles est très populaire à Bangui, c’est surtout pour sa qualité nutritive. «La farine du sang est un élément riche en protéine animale. L’utiliser de 15 à 20% dans l’aliment d’un poulet de chair par exemple, peut jouer un rôle de croissance très important. Et, un éleveur bien rodé doit savoir comment équilibrer lorsqu’il s’agit de composer la provende», précise le Dr Olivier Bassanganam, vétérinaire à la représentation de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture(FAO).
Deux millions de bénéfice par mois
De milliers de petits éleveurs viennent de tous les coins de la capitale centrafricaine et ses environs pour s’approvisionner. Le kilogramme de farine du sang est vendu à 500 FCFA. Ils achètent entre 1000 (une tonne) et 1500 kg (1,5 t) par semaine, en fonction de leurs besoins. Rodolphe vend aussi les cornes et peaux de bœufs. « J’ai commencé avec un capital de 1.500.000 FCFA. Dès la vente des premiers stocks, j’ai pu avoir 5.000.000 F. CFA, soit un bénéfice de 3.500.000 FCFA chaque mois. Mais, dans ce bénéfice, je dois utiliser 1.035.000 FCFA par mois pour payer mes 23 jeunes venus de différents coins de Bangui pour m’aider dans ce travail », lance-t-il, heureux de son travail.
L’agribusinessman a déjà d’autres ambitions : encourager d’autres jeunes à se lancer dans l’agriculture. « La fonction publique ne propose pas grand-chose à la jeunesse centrafricaine. Il est un modèle à suivre pour prouver aux jeunes que les différents secteurs agricoles sont les plus grands pourvoyeurs d’emploi», assure Hyacinthe Pambessoa, chargé de programme au Conseil National de la Jeunesse Centrafricaine(CNJCA).
Rosmon ZOKOUE à Bangui