Au Cameroun, « je suis épanoui avec mes lapins »
A Poli, dans la région du Nord, l’élevage du lapin n’est pas une activité partagée par tous. Mais, en 15 ans, Bassirou Alphonse, 37 ans, a élevé plus de 5 000 animaux et vendu une partie pour environ 20 millions de Francs Cfa.
Feuilles vertes à la main, Bassirou Alphonse renouvelle la nourriture de ses 12 lapins. Ce cuniculteur est conscient que ces animaux herbivores très fragiles se développent dans un environnement propre. « Le lapin n’urine pas où il mange », lance le jeune homme âgé de 37 ans, qui officie comme surveillant vacataire au lycée classique de Poli, une commune de la région du Nord du Cameroun.
L’aventure débute en 2008 avec huit couples de lapins. Au fil des années, Alphonse a multiplié sa population de lagomorphes. Son enclos est composé d’espèces de lapins hybrides obtenus après croisement entre le lapin sauvage (considéré comme fort) et le lapin domestique qu’il qualifie de très fragile. D’après lui, ce croisement lui a permis d’obtenir une espèce solide et résistante contre les maladies. Ses lapins qui se nourrissent des feuilles de bananier, papayer, patates, carottes… se vendent d’ailleurs bien.
Plus de 5000 lapins élevés
Les clients de Bassirou se recrutent dans plusieurs profils : villageois, Organisations non gouvernementales, touristes, missionnaires catholiques, associations, fonctionnaires, etc. Ils achètent en détail pour l’alimentation de leur famille. Le lapereau est vendu à 3 500 F Cfa en moyenne et le prix du couple varie entre 12 000 F Cfa et 15 000 F Cfa. « Les gens adorent la viande blanche de nos jours, voilà pourquoi d’autres préfèrent la viande du lapin qui est comme celle du poisson », explique le trentenaire. En 15 ans, Alphonse Bassirou a élevé plus de 5 000 lapins. Il a fait des dons, consommé une partie avec sa famille et vendu une autre pour environ 20 millions de francs Cfa. Un exploit pour une filière qui reste encore inconnue dans une région qui pratique majoritairement l’élevage Bovin. Bassirou se décrit d’ailleurs, pour le moment, comme « le seul acteur majeur » dans le département du Faro qui compte environ 100 mille âmes.
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«Je suis épanoui avec mes lapins. Et en plus, je parviens à dégager des revenus pour subvenir aux besoins de ma famille », se réjouit le cuniculteur. Grâce à cet élevage, Alphonse a investi dans la culture du maïs. En 2023, il a emblavé plusieurs hectares de maïs. Pour fertiliser ces champs, il utilise les déchets de ses animaux comme engrais naturel. Le jeune agro-éleveur pulvérise les urines des lapins dans son champs avant les semences. Depuis 2008, le surveillant vacataire assure avoir recueilli environ une vingtaine de litres d’urines de lapin qu’il vend à 5 000 F Cfa le litre. Une source de revenus supplémentaires pour cet homme qui se décrit comme écologiste favorisant l’agriculture bio dans cette partie du pays qui fait face à la montée de la dégradation des sols et des changements climatiques.
Jérôme Baïmélé