A l’Est du Cameroun, un technicien agricole vulgarise la culture des champignons
Charly Mogba est spécialisé dans la production des semences et la commercialisation des pleurotes.
Dans sa ferme bâtie sur une superficie de 40 mètres carrés au quartier Ngaïkada à Bertoua, capitale de la région de l’Est du Cameroun, Charly Mogba a réussi à mettre sur pied plus de 600 ballots de semences de champignons comestibles. Pour les produire, ce technicien supérieur d’agriculture achète des souches auprès d’établissements agréés et les multiplie «par fragmentation» afin d’obtenir la semence dont la culture ne dépend «pas de saisons », tient à préciser le trentenaire qui fait la visite de sa petite exploitation.
En effet, le myciculteur pratique la culture hors sol des pleurotes, variété de champignons la plus cultivée au Cameroun. La production est d’une durée de trois mois repartie en deux phases. « La première consiste à la préparation, le traitement et l’incubation des ballots. La deuxième phase consiste à la fructification proprement dite pour une durée de deux mois et la récolte peut commencer à partir du septième jour de l’exposition des ballots à la lumière», détaille Charly Mogbale qui s’est lancé dans la myciculture du fait de la « rareté » des pleurotes sur le marché.
La région de l’Est est située dans le massif forestier du bassin du Congo. Les habitants y pratiquent à majorité l’agriculture. « L’utilisation des pesticides en vue d’augmenter la production agricole entraine une dégradation de l’écosystème. Ceci explique la rareté des champignons dans nos marchés», déplore M. Mogba. Selon le Ministère de l’agriculture et du développement rural (Minader), le Cameroun produit environ 45 tonnes de champignons comestibles par an. Un chiffre bas pour une filière qui rapporte pourtant gros.
Entre 87 500 et 525 000 F CFA par semaine
D’après Charly Mogba, un kilogramme de champignons frais est vendu au prix de 2 500 FCFA sur le marché local contre 15 000 à 20 000 Francs Cfa pour le kilo du pleurote séché. Avec une production d'environ 35 à 50 Kg par semaine, le revenu hebdomadaire de Charly Mogba oscille entre 87 500 Francs Cfa (champignons frais) et 525 000 FCFA (séchés). « La demande est très forte. Mais, il y a peu de producteurs. La grande partie de ma production est vendue surplace à la ferme et la plupart des clients sont des personnes qui ont un régime alimentaire spécial comme les diabétiques », souligne M. Mogba. Pour amener les habitants à s’intéresser à cette culture, le technicien agricole a initié des formations gratuites avec une seule condition à remplir : que les bénéficiaires achètent ses semences afin de se lancer « directement [ dans ] la production » à la fin de l’apprentissage. Une manière pour ce passionné de développer à son niveau la filière.
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Malgré sa bonne volonté, la culture des champignons est confrontée à des nombreux défis, notamment le coût élevé des intrants, de la main d’œuvre et des semences. Cependant, le jeune homme qui emploie 10 temporaires, reste déterminé à promouvoir la myciculture car « elle rentre aussi dans la valorisation des déchets agricoles (rafle de maïs, feuilles sèches de bananier-plantain), qui, progressivement, après fermentation, deviennent des lieux où le champignon pousse ».
Sébastian Chi Elvido