Tout a commencé en 2010, à la fin des études d’Idriss Barka Mahamat, en maintenance informatique et industrielle, à l’Université de Baushi au Nigeria. Agé de 30 ans, calme et posé, ce passionné de l’informatique rentre au bercail dans l’optique de décrocher un boulot. Une fois ce besoin comblé, il décide au bout de 3 ans, de poursuivre un rêve, qu’il a longtemps caressé, celui de créer un logiciel ou un mini tracteur.
C’est finalement le tracteur qui l’emporte, en raison de ses avantages sociaux. « Je pouvais bien créer un logiciel informatique, mais, combien de personnes pourront en bénéficier ? Du coup, j’ai jugé utile de créer le tracteur, aussi minime qu’il soit avec plusieurs fonctionnalités pour contribuer aux efforts de mes frères et sœurs, qui souffrent dans les champs. Il est difficile de décortiquer le maïs et le mil à la main. Le transport aussi n’est pas aisé. Avec le prototype du tracteur, on peut pallier à ces manquements », explique Idriss Barka. Une idée, qui épouse la vision du gouvernement, qui est de mécaniser l’agriculture tchadienne.
Seul, face aux dures réalités auxquelles il est confronté, ce jeune ingénieur n’a pas baissé les bras. Il va subir les blessures, brulures et même les railleries de son entourage, sans toutefois fléchir. « C’était vraiment difficile. Personne ne voulait m’aider. Les gens me confondaient à un fou. Mais j’ai persévéré et j’y suis arrivé», relève-t-il. La conception a pris deux ans. Les travaux, ont débuté en 2016 pour s’achever en novembre 2017, malgré les multiples échecs.
Perspectifs…
Avec son invention et la mise en œuvre du prototype, Idriss Barka Mahamat encourage les jeunes à être autonome et à croire en leur rêve. « Je compte faire connaitre le Tchad sur le plan international et aider le monde rural à mieux exercer l’agriculture. Outre cela, avec la dimension réduite de la machine, on n’a plus besoin de détruire les arbres pour faire passer le tracteur. Il est facile à transporter sur les îles », explique cet ingénieur.
Le prochain rêve de cet entrepreneur, est de multiplier cet appareil et de le mettre à la disposition des acteurs agricoles des zones rurales. Pour y arriver, Barka a besoin des soutiens financiers. C’est d’ailleurs dans cette logique qu’il est ouvert à toutes collaborations pouvant combler ce manquement. « Je ne peux pas refuser un partenariat qui me permettra de mettre en valeur mon œuvre. Ce que je veux, c’est aider mes frères paysans en soulageant leurs peines et contribuer à la mécanisation de l’agriculture. Je mène des démarches pour approfondir mon projet, en espérant atteindre mes objectifs », déclare-t-il.
Cette machine multifonctionnelle peut labourer plus de cinq hectares par jours. Le tracteur fournit en même temps de l’énergie électrique, qui lui permet de décortiquer le maïs et le mil, et qui peut être aussi utilisée à d’autres fins. Grâce à son mini-tracteur, cet ingénieur a reçu le prix national, Tchad Talent 2017. « J’invite les jeunes à plus d’abnégation dans leur visions et à s’investir dans l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, et promouvoir le secteur privé », renchérit Idriss.
Marabey Archange, N’Djamena-Tchad