Un ingénieur en production pétrolière reboise le Tchad grâce à sa pépinière bio
Entre 2015 et 2016, Lagmet Hargue a planté plus de 1000 privets et compte en planter environ 2 000 en 2017.
Alors que Lagment Hargue travaille avec une société de production pétrolière à Kouddalwa, à l’Ouest du Tchad, le jeune homme se rend compte que les techniciens abattent des arbres pour créer des pistes de pipes, sans reboiser en retour, cherchant juste le raccourci. Face à cette situation, le jeune ressortissant du Tandjilé, une région de l’Est jure de reboiser le Tchad grâce à la pépinière d’arbres fruitiers, de semences et de fleurs. Une grande ambition.
Pour ce trentenaire, exploiter le pétrole et protéger l’environnement est une équation facile à résoudre. Il assure qu’il ne sert à rien d’anéantir l’un au profit de l’autre. Ses connaissances environnementales et sur la pépinière viennent de sa formation de base auprès des religieux, pendant son enfance : « on apprenait à mettre à terre les plants et les entretenir, choisir les semences et préparer la terre dans les pots. C’était une formation de rigueur qu’on nous y soumettait. Et l’amour est resté jusqu’aujourd’hui ».
Pour la première année de son action de reboisement en 2015, Lagmet Hargue a mis en terre dans son quartier Paris-Congo, 483 privets, dont il reste 477 de nos jours. La 2ème édition en 2016, l’action s’est étendue dans les quartiers voisins avec 650 pieds. Vu les résultats et plaisirs obtenus, il compte aller jusqu’à 1 800 plants après la saison pluvieuse de cette année 2017.
Le choix des semences est méticuleux. Presqu’un parcours de combattant. Pour les plants fruitiers, Lagmet Hargue se rend au Sud du Tchad (Moundou, Pala, Laï…) pour sélectionner les semences : « je viens passer du temps avec les jardiniers pour négocier les grains. Je prends les fruits bien mûrs pour éviter les assèchements dans le temps. On ne me les donne pas gratuitement. Le prix varie entre 1.000 et 1.500 F. Cfa pour une goyave qui couterait 250 F par exemple. Idem pour les mangues et papayes ».
De la préparation de la terre à la production de ces plants, tout est 100% bio : « je ne touche pas du tout aux engrais chimiques. C’est quelque chose que je ne veux même pas en entendre parler, vu les conséquences derrière : cancer, maladie de poumon, intoxication alimentaire et autre. Pour ma terre, j’utilise les fumiers provenant de la bouse des bétails que je mélange à la terre simple noire ». Le suivi est strict et la fréquence de l’arrosage respectée: au moins 3 fois par semaine.
« Verdoyer la nature »
Marié et père de 5 enfants, Lagmet Hargue est aidé par sa nièce Sandrine vivant en France. Elle l’aide à se procurer des semences de la culture jardinière en Hexagone. Les privets sont par contre produits par bouturage et ne demandent que les pots. Pour ce faire, Lagment sélectionne les meilleures boutures.
Conscient que « personne de l’aidera dans son action » le jeune mécanicien nourrit son ambition par son courage et détermination. « S’il fallait attendre les fonds et motiver les gens pour ce projet, je n’aurai rien fait jusqu’à maintenant. C’est ma volonté et pas question de renoncer. Il y a quelques fois les jeunes du quartier viennent me donner des coups de main quand ils me voient faire les trous et arroser les plantes », lors de la mise en valeur de sa forme athlétique et robuste. Lagmet Hargue fonctionne sous fonds propres et le fait gratuitement.
Depuis deux ans, ce jeune ingénieur mécanicien en production pétrolière a retenu une leçon : « il est possible verdoyer notre nature, l’espoir n’est pas perdu malgré les agissements de l’homme pour la détruire ». Il invite tout le monde à s’y mettre, même sans moyens pour le bien-être de tous et de l’environnement.
Marabeye Archange, à N’Djamena