«Le développement de notre économie doit principalement reposer sur l’industrialisation des filières agricoles»
Spécialiste en marketing, contrôle de gestion et audit, Alain Fonin a créé «Agribusiness Investment Management», un cabinet spécialisé, entre autres, dans la promotion de l’émergence des filières industrielles appuyées sur l’utilisation des matières premières locales pour satisfaire les besoins de la population.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans le conseil en management spécialisé dans l’agriculture et l’agroalimentaire en Afrique?
Face à l’importation massive des denrées alimentaires, la dépendance des industries agroalimentaires à l’importation de la matière première, le faible rendement des exploitations agricoles, le niveau élevé des pertes post récolte et les difficultés à mobiliser les financements dans le secteur, nous avons décidé d’apporter notre contribution à la transformation structurelle et le développement inclusif des pays africains à travers nos activités de conseil aux acteurs des chaînes de valeur agricole. Ceci en ayant la conviction que le développement de notre économie doit principalement reposer sur l’industrialisation des filières agricoles.
Au regard des opportunités qu’offrent la croissance démographique exponentielle, le potentiel en terre arable, le potentiel hydraulique, les innovations technologiques et la diversité des opportunités de valorisation à grande échelle des produits locaux pour l’import substitution et satisfaction des besoins alimentaires des populations. Malgré la dynamique des acteurs du secteur et la volonté politique des institutionnels, un nombre élevé de projets peine à donner des performances satisfaisantes parce qu'il existe un réel déficit de conseil spécialisé dans le secteur en mettant en place une équipe pluridisciplinaire d’Experts qualifiés. Nous pensons pouvoir permettre à toutes les parties prenantes de maîtriser leur projet dans l’agrobusiness.
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En quoi consiste votre travail ?
Notre travail consiste à apporter un niveau de sécurité élevé dans les investissements dans l’agrobusiness en Afrique, à accompagner la mise en place des entreprises modernes de production, de transformation et de commercialisation des produits issus de l’agriculture. D’accompagner également les États dans leur action visant à améliorer la sécurité alimentaire des populations africaines. Faire la promotion des investissements dans l’industrie de la semence qui manque beaucoup dans nos pays africains.
Vous avez mis sur pied un cabinet spécialisé. Quels sont les objectifs visés?
Notre vision est de devenir dans un horizon de 10 ans le leader du conseil en investissement dans l’agroalimentaire et l’agriculture et reconnu également par notre contribution à la sécurité alimentaire à travers la qualité des services que nous offrons à nos clients. Pour cela, nous mettons en œuvre toutes les diligences nécessaires pour permettre à nos clients de maîtriser leur projet, de sécuriser leurs investissements, d’optimiser leurs prises de décisions et d’augmenter leur performance globale.
Quels sont les principaux domaines de votre cabinet ?
Nous intervenons dans la maturation des projets, le diagnostic, la réalisation d’étude technique et financière, la réalisation de business plan, la mise à niveau des systèmes de gouvernances, l’accompagnement à la recherche des financements (prêts bancaires, prise de participation et subvention), et l’assistance technique.
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Quels sont les moyens que vous utilisez pour la réussite de ces projets qu’on vous soumet ?
Nous nous appuyons essentiellement sur une équipe d’experts pluridisciplinaires (analystes financiers, ingénieurs agronomes, ingénieurs des procédés agro- industriels, juristes d’affaires, docteur vétérinaire et spécialiste en distribution) qui partagent les valeurs d’éthique professionnelle et transparence, d’innovation d’excellence et de flexibilité.
Qui peut bénéficier de votre expertise?
Tous les acteurs des chaînes de valeur peuvent en bénéficier. Il s’agit précisément des particuliers, des industriels agroalimentaires, des plantations, des fermes d’élevage, des organisations paysannes, des distributeurs de produits et d’intrants, des projets de développement.
On a souvent entendu dire que faire de l’agrobusiness nécessite de gros moyens. Est-ce vrai ?
Cette notion est relative en tenant compte de la diversité et de l’envergure des projets. Toutefois, il convient de souligner que l’agrobusiness est l’ensemble des activités économiques de production, de transformation et de commercialisation des produits issus de l’agriculture moderne. Cette modernité renvoie à la mécanisation, l’utilisation des technologies de pointe, l’obtention de hauts rendements et aussi la production industrielle. À cet égard, ces activités nécessitent des investissements conséquents.
Depuis mai 2019, quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
J’ai l’habitude de capitaliser les difficultés pour considérer que c'est un passage obligé pour gagner en expérience et mettre les chances de mon côté afin de relever les défis.
Au regard des différentes pertes observées au quotidien dans l’agrobusiness, peut-on affirmer que ce domaine semble plutôt sombrer ?
L’agrobusiness n’est pas exonéré des exigences de professionnalisme. Bien au contraire, la complexité des cycles d’exploitations des différentes activités, la concurrence, les changements dans l’environnement économique, et les exigences y compris la préservation de la santé des consommateurs exigent un alignement sur les standards internationaux. Cette rigueur devrait également augmenter les chances et mobiliser les ressources face à des partenaires financiers (Banque, état, fond d’investissements) exigeants.
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Quel bilan faîtes-vous de votre métier d’accompagnateur ?
Jusqu'à ce jour nous avons eu l’opportunité d’intervenir dans les filières cacao, banane plantain, palmier à huile, ananas, manioc, porc, poulet, poisson et gingembre dans le cadre de la mise en place de plantations, de la création de ranchs intégrés, la conception d’acropole, de la mobilisation de ressources pour les investissements et le financement du cycle d’exploitation des industries agroalimentaires et surtout la mise à niveau des systèmes de gouvernance. Nous sommes satisfaits des résultats obtenus au cours des deux derniers exercices au niveau de la satisfaction de nos clients, de la qualité du réseau du partenaire financier, de l’engagement de notre équipe et de notre image de marque à laquelle nous attachons du prix.
Propos recueillis par Amélie Dita