Cameroun : des saucissons à base de poisson
Ils sont produits à base de poissons tels les mâchoiron, silure et kanga.
Il est 7h30 à Logmayangui, un quartier situé dans le 5ème arrondissement de Douala, la capitale économique du Cameroun. Astrid Nfongmo ouvre la porte de sa petite usine de transformation. Avant toute chose, elle fixe une charlotte sur la tête, enfile sa blouse blanche, les chaussures de production, se désinfecte les mains et porte des gangs. La jeune femme répète les mêmes gestes à l’envie, « Une manière d’éviter toute contamination des microbes sur les produits en cours de fabrication », précise-t-elle.
Astrid Nfongmo pense surtout à sa clientèle, friande de ses saucissons à base de poissons, plus connus sous la marque de « Yeulah » (Chez nous), qu’elle fabrique dans son modeste atelier. Diplômée en biologie moléculaire, cette jeune femme âgée de 30 ans a fait un constat : « le saucisson à la viande n’était pas très prisé par tous pour deux choses : les exigences culturelles et le dégoût de la viande ». Elle s’est « également » basée sur sa propre expérience : « J’ai eu du dégoût pour la viande en assistant aux accidents routiers ». Du coup, « J’ai donc décidé de me lancer dans la production des saucissons à base du poisson », raconte-t-elle.
500 000 Francs de chiffres d’affaires
Dans l’usine de la jeune promotrice, les saucissons sont produits en trois saveurs: Le pimenté et le non pimenté. Tout ceci à base des poissons tels que le mâchoiron, la silure et le kanga. Pour réaliser ces différentes saveurs, le travail est exigent. Entre 7h 30 et 15h 30, la jeune maman d’un enfant et ses collaboratrices gardent la position debout. Les poissons sont disposés sur une table couverte de papier aluminium, écaillés, puis lavés. À l’aide d’un broyeur, on passe au hachage du poisson, puis les poissons sont imbibés d’épices. «On poursuit avec l’embossage. À la fin, on passe à la cuisson, puis à l’étiquetage », explique-t-elle.
Les saucissons coûtent entre 1500 Francs Cfa pour 200 grammes et 3500 Francs ( 450 grammes). Aujourd'hui, la jeune ingénieure en conception des produits alimentaires produit environ 150 kilogrammes de chair de poisson par mois pour un chiffre d'affaires de 500 000Fcfa. Bien plus, elle emploie cinq ouvriers. Devant la demande de plus en plus grandissante, la jeune promotrice peine à satisfaire tous ses clients. « Nos équipements qui sont de faible capacité nous empêchent de satisfaire la demande », se désole-t-elle. L’ingénieure ambitionne d’agrandir son espace de production .
Amélie Dita