De la farine sans gluten à base de plantain
En plus des avantages sur le plan nutritif, cette fécule limite les importations de la farine de blé et favorise la création des emplois.
C’est elle qui retient l’attention au Centre africain de recherches sur bananiers et plantains (Carbap) depuis quelques temps. La farine de plantain. Véritable curiosité pour beaucoup de camerounais qui la découvre ces jours via ce Centre qui en fait une grosse promotion. Pourtant, explique le chef de la division de la coopération et de l’appui au développement au Carbap Alain Fonin, «la farine de plantain existe depuis plus de 10 ans. Maintenant, nous travaillons à ce qu’elle sorte des laboratoires pour les boulangeries, les restaurants, les ménages et l’industrie agroalimentaire».
Comme caractéristiques, la farine de plantain est énergétique et riche en micronutriments (0,9% de Ca, 0.1% de fer, 31.6% de glucides, 0.3% de lipides, 1.2% de protides et une valeur énergétiques de 124 Kcal.) Elle ne contient pas de gluten ni colorant, ni conservateur. Un gros avantage sur le plan nutritif. On l’utilise pour fabriquer du pain, des viennoiseries, des crêpes, des biscuits, des confitures etc. Bref «elle fait tout ce qu’une farine peut faire». On retrouve le kg chez des distributeurs à 1500 Fcfa. L’un de ces utilisateurs, Sugarail a reçu le prix de meilleur chercheur indépendant pour l’utilisation de cette farine en boulangerie au Jersic (journées d'excellence scientifique et de l'innovation au Cameroun) en février dernier.
Investisseurs
Le centre africain de recherche sur bananiers plantains sous-traite la fabrication cette farine auprès d’une coopérative qui a construit ses propres équipements pour le séchage et sa transformation. La matière première utilisée est issue des champs semenciers du Carbap. Elle a une capacité de production de 6 tonnes de farine tous les mois, soit 2 tonnes tous les 10 jours. Un score bien minable face à la farine de blé qui avoisine les 500 000 tonnes de production totale par an au Cameroun. «C’est pourquoi nous en faisons une grosse promotion afin que les investisseurs s’y intéressent et valorisent à grande échelle ce produit de la recherche», informe Alain Fonin.
Une industrialisation qui va créer à coup sûr des emplois, et «permettre de faire des économies d’échelle afin de baisser les coûts de production et impulser un alignement de l’ensemble de la chaîne de valeur (semenciers, planteurs, commerçants…)». Pour l’instant, selon les chiffres du Carbap, 70% des plantations dédiées au plantain ont des superficies inférieures ou égales à 2 hectares. Or, il faut mettre en place des agro-industries pour développer ce secteur. Pour cela, des mesures gouvernementales doivent être prises pour le renforcement des capacités des planteurs, l’appui à la mise en place de systèmes d’irrigation, et le désenclavement des pistes agricoles. Sinon, les agriculteurs continueront de faire «20 à 40% de perte post récoltes». Pour le Carbap, «La modernisation des infrastructures de production de semences de qualité et en quantité industrielle pourrait également permettre de soutenir la mise en place des plantations par lesquelles la matière première qui répond à la demande de l’industrie de la transformation est produite». Pour l’avenir de cette farine de plantain, un plaidoyer auprès du secteur privé est entreprises par le Carbap pour son industrialisation et la sécurisation de la filière. Ses chercheurs travaillent sur de nouvelles variétés de plantain qui faciliteraient davantage sa transformation. Au carbap, on espère une émergence de la filière banane plantain structurée avec impact sur le revenu des acteurs d’ici 2022.
Adeline Tchouakak