Il aurait pu demeurer ce danseur professionnel dont les pas fascinent le public de Goma et au delà. Que non ! A 26 ans, Mechack Lusolo a décidé de se lancer dans son autre passion: l’agriculture. Depuis trois ans, ce jeune homme aux dreadlocks dressés sur la tête, transforme les fruits locaux, sortis des champs des villages de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), en confitures. Il est l’unique transformateur de papayes, mangues, ananas, tomates verte et fruits de la passion… sous la marque « WE BE JAMIN, confiture maison »
Mechack Lusolo produit au moins 40 pots de confitures deux fois par semaine et les vend dans une épicerie au centre ville de Goma. Il les commercialise aussi occasionnellement, lors des activités culturelles, expositions et foires. « Chaque pot coûte 5 dollars (3000 F. Cfa environ) et c'est le prix qui convient vu le coût de production », précise cet entrepreneur qui produit rarement sur commande.
La difficile conquête du marché
Bien qu'étant le plus connu dans ce domaine, les clients se font toujours rares. « Les gens ne sont pas encore habitués. C'est peut être parce que je n'ai pas encore atteint la perfection dans ma manière de fabriquer ou soit parce qu’ils ont des difficultés à se détourner de la consommation des confitures importées. En ce qui me concerne, je fais tout pour rendre parfait mon travail », jure le jeune danseur professionnel, déterminé à atteindre un plus grand nombre de la population de sa ville.
« Actuellement la plupart de mes clients sont des expatriés. Je ne constate vraiment pas d'engouement des locaux malheureusement » se plaint-t-il. Mais, Mechack Lusolo compte sur les clients de Kampala en Ouganda –qui se manifestent- pour réduire ses dépenses. « Je veux un jour fournir des confitures à toute la population de Goma et des régions voisines et je sais que j'y arriverai », lance le danseur, très confiant.
De 90 000 à 300 000 F. Cfa
Pour atteindre ce plus grand nombre d'acheteurs Mechack veut améliorer non seulement la qualité de son service mais également, agrandir ses capitaux. Ayant débuté avec un montant d’environ 90 000 F. Cfa, il a atteint depuis quelques mois une somme de plus de 200 000 F. « Je n'ai pas encore de financements, j'utilise mes propres moyens. C'est pourquoi je n'arrive pas à beaucoup produire pour atteindre mes objectifs », regrette-t-il. Son rêve est de faire de « BE JAMIN confiture maison », une grande entreprise agroalimentaire et employer d’autres jeunes pour lutter à sa manière contre le chômage qui touche durement Goma. Il a des arguments : au début, personne ne souhaitait acheter ses confitures. Aujourd’hui, hormis des expatriés, quelques congolais en consomment. Astucieux, il fabrique aussi des oignons confits et courgettes gingembre, juste pour appâter la clientèle.
Sammy Mupfuni à Goma