COP28: cinq annonces à retenir de la conférence mondiale des nations unies sur les changements climatiques
Abandon progressif des combustibles fossiles, fonds pour les pertes liées aux changements climatiques, protection de la santé des populations… Du 30 novembre au 12 décembre 2023, la 28ème Conférence mondiale des nations unies sur les changements climatiques (COP28) s’est tenue à Dubaï aux Emirats arabes unis. Plus de 80 000 délégués – un record - se sont réunis dans ce pays du Golfe où de nombreuses décisions ont été prises.
1- Annonce historique de «s’éloigner des combustibles fossiles»
Elle était la plus attendue. Mercredi 13 décembre, après une nuit blanche, le Sultan AL-Jaber, président de la 28ème conférence des parties sur le climat, a frappé son marteau, visiblement soulagé. Le texte phare de la conférence avait enfin été bouclé. Les pays s’engageaient à «s’éloigner des combustibles fossiles ».
Une étape « historique pour accélérer l’action climatique », s’est réjoui le sultan par ailleurs patron de la compagnie nationale pétrolière émiratie. La décision est d’autant plus inédite que les pays producteurs des combustibles fossiles (gaz, pétrole, charbon) tels l’Arabie Saoudite, ont marqué leur approbation. Reste à savoir si ce texte dont les contours restent flous, sera appliqué. Car, plusieurs nations s’étaient frontalement opposées à la mention dans le document final de l’«élimination progressive».
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« À ceux qui se sont opposés à une référence claire à l’élimination progressive des combustibles fossiles dans le texte de la COP28, je tiens à dire qu’une élimination progressive des combustibles fossiles est inévitable, qu’ils le veuillent ou non. Espérons que cela n’arrive pas trop tard», a averti Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies.
2- Fonds de compensation des pertes et dommages climatiques dans les pays en développement
L’annonce a été faite le premier jour de la Conférence, jeudi 30 novembre. Elle a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements : un fonds de compensation des pertes et dommages climatiques allait enfin être mis sur pied. Une demande faite depuis plusieurs décennies par les pays en développement, nations les moins polluantes mais les plus affectées par les effets liés au changement climatique.
Concrètement, les pays riches, plus polluants, s’engagent à mettre en place des fonds permettant d’indemniser les pays affectés. Certains pays ont fait des promesses. 100 millions de dollars pour l’Allemagne, 40 millions pour le Royaume Uni ou encore 17,5 millions de dollars pour les États unis.
3- Déclaration sur le climat et la santé
143 pays ont signé une déclaration commune sur le climat et la santé. Ils s’engagent, entre autres, à « faciliter la collaboration sur les problèmes de santé humaine, animale, environnementale et climatique », à «améliorer la capacité des systèmes de santé à anticiper et à mettre en œuvre des mesures d'adaptation contre les maladies sensibles au climat » et à « promouvoir des mesures visant à réduire les émissions et les déchets dans le secteur de la santé, notamment en évaluant les émissions de gaz à effet de serre des systèmes de santé ».
4- La Banque mondial augmente son budget de financement des projets liés au climat
La Banque mondiale consacrera désormais 9 milliards de dollars à des projets liés au climat, soit 45 % de ses financements annuels pour l’exercice allant du 1er juillet 2024 au 30 juin 2025.
L’institution financière internationale précise dans un communiqué que ce financement permettra d’aider les « populations des pays en développement à mieux résister aux ravages du changement climatique et à créer un monde meilleur pour leurs enfants et leurs petits-enfants ».
5- Déclaration sur le climat, l’agriculture durable et les systèmes alimentaires
Pluies abondantes. Sécheresses interminables. Apparition d’insectes, chenilles… A travers le monde, les agriculteurs font face à de nombreuses conséquences liées aux effets des changements climatiques. Alors, 158 pays ont fait une déclaration dans laquelle ils s’engagent sur cinq points :
· Renforcer les activités et les réponses en matière d'adaptation et de résilience afin de réduire la vulnérabilité de tous les agriculteurs, pêcheurs et autres producteurs de denrées alimentaires aux effets du changement climatique, notamment par un soutien financier et technique aux solutions, au renforcement des capacités, aux infrastructures et aux innovations, y compris les systèmes d'alerte précoce, qui favorisent la sécurité alimentaire, la production et la nutrition durables, tout en conservant, en protégeant et en restaurant la nature.
· Promouvoir la sécurité alimentaire et la nutrition en redoublant d'efforts pour soutenir les personnes vulnérables par des approches telles que les systèmes de protection sociale et les filets de sécurité, les programmes d'alimentation scolaire et de marchés publics, la recherche et l'innovation ciblées, et en se concentrant sur les besoins spécifiques des femmes, des enfants et des jeunes, des peuples autochtones, des petits exploitants, des agriculteurs familiaux, des communautés locales et des personnes handicapées, entre autres ;
· Aider les travailleurs de l'agriculture et des systèmes alimentaires, y compris les femmes et les jeunes, dont les moyens de subsistance sont menacés par le changement climatique, à conserver un travail inclusif et décent, grâce à des approches adaptées au contexte qui pourraient inclure l'augmentation, l'adaptation et la diversification des revenus.
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· Renforcer la gestion intégrée de l'eau dans les systèmes agricoles et alimentaires à tous les niveaux afin de garantir la durabilité et de réduire les effets négatifs sur les communautés qui dépendent de ces domaines interdépendants ;
· Maximiser les avantages climatiques et environnementaux - tout en contenant et en réduisant les impacts négatifs - associés aux systèmes agricoles et alimentaires en conservant, protégeant et restaurant les terres et les écosystèmes naturels, en améliorant la santé des sols et la biodiversité, et en passant de pratiques plus émettrices de gaz à effet de serre à des approches de production et de consommation plus durables, y compris en réduisant les pertes et les déchets alimentaires et en promouvant des aliments bleus aquatiques durables.
Philippe Minlo