Cameroun: du charbon écologique à base des ordures ménagères
Fabriqué à base de peaux de banane, plantain, ananas, ce charbon permet de lutter contre le déboisement et protège l’environnement.
Lieu-dit Bois des singes, à Douala, capitale économique du Cameroun. Ce mercredi 4 septembre 2019, Hermine, étudiante en génie chimie remue, à l’aide d’une spatule en bois, l’amidon. Près d’elle, Solantine, étudiante en environnement, dispose sur des petites plaques en tôles les déchets ménagers réduits en poudre. Puis, elle les passe sur une balance, sous le regard d’un superviseur. «Il faut prendre la peine de bien valoriser les déchets », instruit ce dernier.
A l’intérieur de l’usine, d’autres étudiants travaillent sur leur ordinateur. Partis de l’université de Ngaoundéré dans le grand-nord pour Douala, ces apprenants en environnement veulent apprendre le processus de fabrication du charbon écologique. Ils ont frappé à la bonne porte car, depuis près de 5 ans, l’entreprise Kemit Ecology qui les accueille pour leur stage, fabrique du charbon écologique à base des ordures ménagères. «Nous utilisons les peaux de banane, plantain, ananas, peaux d’orange…», détaille Ornella Djigna, étudiante en génie chimique.
Comment donc transformer ces déchets organiques en charbon? Le processus qui se résume en collecte, séchage et carbonisation, a pour objectif premier, de protéger l’environnement. «Nous avons constaté qu’il y avait une coupure abusive du bois qui nous protège contre le réchauffement climatique. C’est ainsi que pour mettre fin à cette avancée, on a pensé à créer le charbon sans dioxyde de carbone à base des ordures ménagères organiques», explique Bertrand Dassie, ingénieur en énergie renouvelable au sein de Kemit.
Moins coûteux
«Nous transportons les ordures ménagères jusqu’au site de production. On fait le tri des impuretés. Nous passons au séchage, soit au soleil, soit dans le carbonisateur : ensuite, on continue avec le broyage qui nous permet d’avoir les fines poudres. On malaxe avec de l’eau tiède dans un malaxeur et on obtient une pâte», décrit Muller Nandou Tenkeu, promoteur de l’entreprise Kemit Ecology. Un processus qui impose des heures de travail. « Nous débutons à 8 h par le tri. Le travail s’achève parfois à 22h », poursuit-il.
La trentaine sonnée, le jeune initiateur a réussi à produire le charbon sous différentes formes.«Il y’a d’abord le charbon de cuisine, qui résiste mieux que le charbon ordinaire. Il est aussi moins couteux. Un kilo ne coûte que 200 FCFA. En dehors de ce charbon on a fait des produits parallèles comme l’allume feu pour faciliter l’allumage du charbon écologique et éviter davantage les gommes qui sont toxiques. Nous avons aussi le gommage au charbon qui sert à faire les soins de visage », énumère-t-il.
Amélie Dita