Claude Ella : « en agriculture, on peut devenir milliardaire »
La journaliste agricole et présentatrice de l'émission "Agrimag" diffusée sur Spectrum télévision ( STV) , une chaîne de télévision privée au Cameroun, parcourt le pays pour des reportages auprès d’agriculteurs, éleveurs, pisciculteurs…
On vous voit parcourir les grandes et petites fermes du Cameroun, à la rencontre d’agriculteurs, éleveurs, pisciculteurs… D’où vous vient cette passion ?
Depuis ma tendre enfance, j’ai gardé cette obsession du travail de la terre. J’ai commencé par m’intéresser aux fleurs, car je les adore bien. Du coup, à cette époque, j’avais créé un espace qui me servait de jardin. Au fil du temps, j’ai trouvé un espace plus grand pour pratiquer l’agriculture, notamment la culture des bananes plantains. Voilà comment j’ai pris goût à cette activité agricole. J’adore semer une graine et la voir pousser jusqu'à la phase de la récolte.
Le journalisme politique, culturel ou encore sportif attire. Mais, vous avez choisi de vous spécialiser en journalisme agricole…
Je l’ai fait par ce que, j’aime la nature, contrairement à ce que les gens peuvent penser. Quand on me voit , on n’a pas l’impression que je puisse m'intéresser à la terre. Je suis d’ailleurs agricultrice. J’ai mes plantations et des fermes. Donc, je me suis dit qu’avec le taux de chômage très avancé au Cameroun, il y avait de quoi occuper les jeunes. Bien plus, on devrait enlever à leur esprit l’image de l’agriculteur qui est considéré comme une personne sale, illettré, bref celui qui a raté sa vie et par conséquent doit rentrer au village. C'est de là que naît ma source de motivation. Je veux montrer à la jeunesse que, si je pratique déjà l’agriculture , ça suppose que tout le monde peut le faire.
Au fil des années, qu’est ce qui vous a le plus marqué dans vos reportages ?
Mon rêve était surtout de voir la jeune génération se lancer dans ce métier. Actuellement, le regard a changé. Les jeunes s’intéressent de plus en plus à l’agriculture. Quand j’ouvre une de mes pages Facebook, je reçois les témoignages des jeunes qui me remercient de les avoir aidé à travers l’émission agrimag à se lancer dans l’agriculture. Ça signifie tout simplement que, ma préoccupation est en train de se concrétiser. Je pense que l’agriculture est la meilleure des activités car la terre ne déçoit pas.
En agriculture on peut devenir milliardaire. J’en connais qui ont investi avec peu de moyens et aujourd'hui ont le sourire au bout des lèvres. Ils ont de grandes entreprises. Pour moi, voir les jeunes émerger grâce à l’agriculture est ma grande fierté.
Suite à vos multiples émissions télévisées sur l’agriculture, qu’est ce qui a changé ?
Il y a un très grand changement. Je suis même surprise par rapport aux retours que j’ai eu suite au programme de agrimag. Pour la petite histoire, c'est après deux mois d’existence dudit programme que le président Directeur général de spectrum télévision (STV), me fait savoir ses impressions . Il était surpris de voir une dame s’intéresser aussi profondément à l’agriculture. En fait, les téléspectateurs ont pensé que si déjà une femme pratique l’agriculture, ça veut dire que tout le monde peut le faire. Je reçois beaucoup de messages sur les réseaux sociaux après mes émissions télévisées sur l’agriculture. Certains viennent me rencontrer à mon bureau pour des Remerciements et même des conseils. Je crois que mon émission sensibilise vraiment.
Vous êtes mère et épouse. Comment concliliez-vous ces activités avec vos voyages réguliers sur le terrain ?
Mon époux ne vivant pas au Cameroun, je deviens comme une mère célibataire. J’ai le temps de gérer ma carrière et ma vie de famille. Je m’occupe de mes enfants. Lorsque mon chéri est au pays, je prends également soin de lui sans que cela n’affecte mon métier. Il me soutient d’ailleurs énormément de près ou de loin dans mes fonctions. Étant donné qu’il est également dans le domaine agricole, notamment la reproduction animale, on se comprend beaucoup. Quand il est là, il m’accompagne parfois sur le terrain tout en me donnant des orientations qui me sont bénéfiques.
Sur le terrain, vous êtes presque toujours vêtue de bottes et pantalons. Votre accoutrement fétiche ?
À chaque milieu son habillement. Un jour tu peux me voir en escarpins d'une hauteur de 15 cm. Et quand je suis en tournage ou dans les plantations, je porte des bottes et je me sens très à l’aise. J’en ai de couleurs différentes. Je n’ai pas du tout honte de réaliser mes émissions en tenue champêtre. Je le fais naturellement, sans make-up. Aujourd'hui je suis reçue par le ministre de l'agriculture et même de l’élevage. Ils m’encouragent et ça me fait énormément plaisir.
Un conseil pour ceux qui veulent se lancer dans l’agriculture.
Il faut tout d’abord connaître ce que l’on veut. On ne le fait pas par simple mimétisme. Le jeune doit se rapprocher de ceux qui maîtrisent mieux ce domaine et demander conseil. En plus, il faut bien apprendre et se donner les moyens de réussir.
Propos recueillis par Amélie Dita
