Cameroun : comment devenir millionnaire grâce aux ordures
Des déchets ménagers aux emballages plastiques en passant par les batteries, coques, chargeurs… usés des téléphones portables, les entrepreneurs ont trouvé une mine d’or. Cinq exemples…
On déverse ses épluchures de bananes, plantains, peaux d’orange dans la poubelle. On lance ses emballages plastiques en plain air. Son chargeur, carte-mère, coque et batterie usés de téléphones ? On les jette et achète tout simplement un autre téléphone, flambant neuf… bien sûr. Savez-vous qu’au Cameroun, ces déchets représentent une véritable richesse ?
- Des ordures ménagères au charbon écologique
Dans les maisons et marchés au Cameroun, des tonnes d’épluchures de bananes, plantains, de déchets de cannes à sucre sont produits chaque jour. Hysacam, la société d’hygiène et salubrité qui collecte ces ordures, est débordé. Kemit Ecology, une jeune entreprise mise sur pied par Muller Tenkeu, le promoteur, et ses amis ont trouvé la solution. Ils collectent, trient et transforment ces déchets biodégradables en charbon écologique. Ils luttent ainsi pour préserver nos forêts qui partent en fumée : des tonnes de bois sont coupées chaque année.
Dans leur usine située à Douala au Cameroun, ils fabriquent plus d’une tonne de charbon chaque semaine. Le prix du sac gravite autour de 8 000 F. Cfa, soit moins de 2 000 F Cfa que le charbon de bois. En plus, c’est « un charbon naturel et non toxique », confie le promoteur aux journalistes. La demande en charbon est estimée à plus de 300 000 tonnes au Cameroun. Devinez le futur chiffre d’affaires de Kemit Ecology qui ne manquera jamais d’ordures, ses matières premières ? Des millions… non… milliards de Francs Cfa dans les prochaines décennies.
- Des emballages et bouteilles plastiques qui donnent des pavés écologiques
La durée de vie des emballages et bouteilles plastiques varie entre 500 et 1 000 ans dans la nature. Or ces déchets représentent environ 10% des six millions de tonnes d’ordures quotidiennes que le Cameroun produit.
Ces déchets sont d’ailleurs officiellement interdits au pays des Lions indomptables. Ils se retrouvent malheureusement toujours sur le marché et en grand nombre. Mais, ne paniquez pas : il y a une solution. Des jeunes les transforment en pavés écologiques, moins chers que ceux faits à base de ciment.
Le procédé ? Ils collectent, trient et fondent dans les cuves chauffées à plus de 200%, les mélangent ensuite avec du sable et obtiennent en fin de compte des pavés écologiques. Question prix, ils sont plus de 10 fois moins chers que les pavés faits avec du ciment.
« Le prix du mètre cube de nos pavés (écolos), qui comprend entre 26 et 33 pavés, varie entre 4 000 et 4 500 F. Cfa, au lieu de 5 000 et 25 000 F. Cfa, comme les autres », confiait Pierre Kamsouloum, un jeune entrepreneur vert au journal Le Monde. On vous le dit : vous deviendrez millionnaire avec les déchets !
- Recyclez vos cartes électroniques, batteries, chargeurs… usés de téléphones portables
Les téléphones portables dégagent des matières toxiques qui peuvent plus tard, nous donner cancer et maladies pulmonaires. Pourtant, au Cameroun, des millions de tonnes sont déversés chaque année, en pleine nature. Un véritables casse-tête n’est-ce pas ? Mais non ! Il y a une solution. La Fondation camerounaise de la terre vivante (FCTV) a décidé de recycler ces cartes électroniques, batteries, coques… qui nous tuent à petit feu. L’ONG, en partenariat avec les Ateliers de bocage en France, les recyclent. Comment ?
Ils sillonnent les rues et ateliers de réparation, collectent batteries, chargeurs, câbles, coques…, trient, classent et envoient par la suite à leur partenaire en Hexagone qui les trie, réutilise –quand ils jugent la pièce neuve- ou alors extraie plomb et mercure pour la fabrication d’autres téléphones portables.
Ce que vous ignorez ? Selon le blog camerounais Biocamer, un kg de cartes-mères est acheté à 8 500 F. Cfa chez les réparateurs- C’est bien FCTV qui les achètent. Pour les autres déchets, un kg est acheté à 250 F. Cfa. Vous nous lisez toujours ? Il y a de l’argent dans les ordures !
- Des huiles essentielles à base de peaux d’orange
Les peaux d’orange ? Mais, on les jette ! Une infime vraiment infime partie de la population les utilise pour parfumer leurs gâteaux. Ne nous mentons pas, on les jette, loin, très loin de nous. On veut juste notre jus d’orange.
Pourtant, le GIC Bellomar, constitué de jeunes chercheurs, ont mené des recherches. Ils transforment des peaux d’oranges en huiles essentielles. Une huile. Utilisées comme parfum en parfumerie, elles luttent également contre l’acné, cette « ennemie » cutanée des femmes. Une huile très chère en plus. Tout ça ? Grâce aux peaux d’orange… des ordures.
- Transformer la Jacinthe d’eau en sacs à main, chapeaux, canaris, tapis…
Qui ne connait pas la jacinthe d’eau ? Cette « plaie » qui envahit les cours d’eau ? Dans les quatre coins du monde, on la combat férocement. Mais, au Cameroun, précisément à l’entrée Ouest de Douala, capitale économique, un homme, a trouvé la belle solution : transformer cette terreur en objets d’art. Ça vous étonne ? Suivez plutôt !
A Douala, il y a donc la galerie Art-Ecolo-Culture, de Samuel Py Dipoko, d’après le blog Biocamer. Chaque mois, cet ancien député cueille des dizaines de kilogrammes de jacinthe d’eau qu’il transforme en tapis, canaris, tableaux, sacs à mains, chapeaux… Imaginez à combien ils peuvent être vendus ?
Théophile Minlo