Flavien Kouatcha, pionnier de l’aquaponie au Cameroun
En lançant sa start-up en 2015, l’agri-entrepreneur s’est engagé à promouvoir une technique permettant aux agriculteurs de réduire leur charge et de lutter contre le réchauffement climatique.
« Save Our Agriculture » de Flavien Kouatcha connaît une avancée fulgurante. Il y a tout juste quatre ans que l’agri-preneur a cofondé une startup spécialisée dans l’agriculture, particulièrement l’aquaponie. Avec son équipe, il conçoit et fabrique des kits individuels et unités aquaponiques pour les particuliers et les professionnels voulant produire leurs aliments à domicile. Et déjà, elle engrange des récompenses au Cameroun et dans le monde.
L’un des prestigieux prix remportés par Flavien Kouatcha est le prix Pierre Castel 2018 raflé haut les mains devant 40 autres candidats en lice dans les domaines de l’agriculture, l’agroalimentaire, l’agri-tech et l’agro-ressources, considérés par des experts comme des secteurs porteurs d’une économie africaine florissante.
Atouts
L’aquaponie n’est pas en elle-même une pratique agricole nouvelle. Mais Flavien Kouatcha a eu le mérite d’avoir démontré aux agriculteurs, aux gouvernements africains et aux bailleurs de fonds, les atouts de cette forme d’aquaculture qui permet d’associer la culture des végétaux à l’élevage des poissons.
Derrière cette ascension à faire pâlir les envieux, se cache des heures de travail d’un jeune homme au flair certain qui a très vite su que son avenir ne se construira pas derrière un bureau mais sur la terre rouge à humer l’odeur aigre-douce des fleurs des champs.
Elève, il a eu la passion pour l’électronique. Sitôt son bac en poche, le voilà à l’IUT de Douala pour un diplôme universitaire de technologie en Génie Electrique, puis un cursus d'ingénieur généraliste à l'Institut Ucac-Icam en Juin 2011. Il travaille trois ans dans la maintenance portuaire mais le cœur n’y est pas. Le jeune Flavien se rêve toujours en chapeau de paille et botte de caoutchouc dans des vastes domaines agricoles. Il démissionne.
Sa démission est plutôt un bonheur, il en profite pour peaufiner son projet agricole et pousse même l’idée en s’inscrivant en master spécialisé en marketing pour comprendre « la réalité de nos marchés et l’art de convaincre les clients », dit-il.
Le décollage de l’agriculture africaine
Pour trouver les fonds de la star-up, Flavien Kouatcha, vide sa tirelire, vend ses biens et accepte même de revenir à la case départ en rentrant chez papa et maman. Il s’entoure d’une équipe jeune et volontaire, se lance dans des recherches, monte son premier prototype de kit aquaponique testé avec succès en octobre 2015.
Suite à un appel à candidatures, il est invité en Afrique du Sud par le FAO pour un concours sur la malnutrition. Il ne gagne pas le cœur du jury mais celui d’une bienfaitrice. Elle lui fait : « Un don de 10.000 $ pour poursuivre les travaux. C'est avec cet argent que nous avons fabriqué nos 25 premiers kits aquaponiques que nous avons vendu », révèle-t-il avant de vanter les atouts de l’aquaponie.
«Les nombreux avantages que nous avons vérifié par la pratique, notamment l'augmentation rapide des rendements, l'annulation de la logistique conventionnelle fortement consommatrice en énergie fossile, la réduction de l'ordre de 20% de l'empreinte carbone sur l'environnement, l'économie de près de 90% d'eau, de plus en plus rare sur notre planète en réchauffement », écrit-il dans un de ses nombreux articles sur l’agriculture. Aujourd’hui « Save Our Agriculture » a bien grandi avec une dizaine d’employés. Des activités ont été lancées depuis 2017 au Sénégal. En plus des kits aquaponiques, il construit des serres.
Elsa Kane Njiale