Cameroun: un ingénieur veut réduire les importations de poissons
Kevin TchouanwouaJopnang, 24 ans, est à la tête d’une ferme aquacole dont le coût global est évalué à 14,7 millions de Francs Cfa.
Au bord du fleuve Noun, à 14 kilomètres du centre-ville de Bantoum 1, à l’ouest du Cameroun, se développe une ferme aquacole. Cette initiative est portée par Kevin Tchouanwoua Jopnang, un jeune ingénieur de conception en sciences halieutiques, optique aquaculture. Dans cette exploitation, sur 10 bacs hors sol sur 20 sont déjà opérationnels. Une salle d’écloserie encore non fonctionnelle y a été construite. Elle est destinée à produire, dans le futur, 50 000 alevins, qui iront en pré-grossissement, une phase consistant, pendant trois à quatre semaines, à vérifier la santé des alevins avant la phase de grossissement, comme l’explique Kevin Tchouanwoua Jopnang.
L’ingénieur élève 8 000 alevins
Mais, en attendant sa mise en place, cet ingénieur a déjà mis en bacs 8 000 alevins, achetés dans une écloserie à Bafoussam, capitale régionale de l’Ouest. Kevin Tchouanwoua Jopnang emploie deux personnes à temps plein, pour l’aider. La routine de travail est réglée comme une horloge russe. Dès le réveil, à l’aide d’un multi-paramètre, l’équipe prélève les valeurs caractéristiques physicochimiques de l’eau : la température, le PH, les taux de nitrate et de nitrite. «Après cette étape, on renouvelle cette eau, grâce à un forage. On prélève encore les valeurs de cette eau afin de savoir les gammes propices à l’élevage car, la température doit être comprise entre 20 et 28°C, le Ph doit être proche de 7, donc de la neutralité », confie l’entrepreneur aquacole, qui précise que l’eau extraite des bacs alimente un potager.
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Selon Kevin Tchouanwoua Jopnang, si les valeurs obtenus s’éloignent de ces caractéristiques, il dispose des produits permettant de les corriger. Après cette étape, l’ingénieur procède au nourrissage des alevins. « Il s’effectue, pour ce qui est des alevins de 15 grammes, à 8 h après le renouvellement de l’eau, à 12 h et 17 h. Il s’agit ainsi des activités routinières qu’on essaie de faire dans le cadre du grossissement avant 21 jours», poursuit le jeune homme âgé de 24 ans.
L’ambition de cet ingénieur en sciences halieutiques, est de combler le déficit de production nationale de poissons qui cause une «insuffisance alimentaire liée aux protéines animales ». « L’Etat camerounais importe près de 194 000 tonnes de poissons par an pour satisfaire la demande nationale. Ce qui lui fait perdre 135 milliards de francs Cfa par an. Et la production nationale en terme de poisson d’eau douce est estimée à 1 000 tonnes par an», justifie-t-il.
Demande nationale estimée à 500 000 tonnes de poissons
Lors de la présentation du Programme économique, financier, culturel et social du gouvernement pour l’année 2024 aux parlementaires, Joseph Dion Ngute, premier ministre du Cameroun, a annoncé qu’en 2023, la production de poissons se chiffrait à 150 086 tonnes, contre 145 621 tonnes en 2022. Soit une hausse de 4 465 tonnes en valeur absolue et de 3 % en valeur relative. Bien qu’en hausse, cette production reste toujours insuffisante face à une demande nationale estimée à 500 000 tonnes par an, a-t-il précisé.
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Avec un revenu évalué en moyen à 100 000 Francs Cfa par mois, fruit de ses prestations et formations offertes à travers le pays, Kevin Tchouanwoua Jopnang injecte une partie dans son activité dont le coût global est évalué à 14,7 millions de Francs Cfa, en attendant la commercialisation de ses produits. L’ingénieur dit être à la recherche des financements et/ou des partenaires pour le développement de son projet.
Armel Djiogue