A l’Est Cameroun, une millionnaire grâce à l’agriculture
Après avoir arrêté ses études en classe de 5ème faute d’argent, Belinda Loulouamb, 27 ans, s’est lancée dans la culture de plantain, taro, macabo et tomates.
Belinda Loulouamb est une agricultrice prospère. A 27 ans, cette habitante du village Ngomdouma situé dans le département du Haut-Nyong à l’Est du Cameroun, cultive tomates, plantain, macabo et taro. « Aujourd’hui, mes quatre hectares sont en pleine exploitation et me génèrent un revenu d’environ un million de Francs Cfa chaque saison. C’est avec cet argent que j’ai construit et équipé ma petite maison au village et envoie mes quatre enfants à l’école », détaille-t-elle.
En effet, après avoir arrêté brutalement ses études il y a une dizaine d’années en classe de 5ème faute d’argent, la jeune femme se retrouve « coincée » et ne sait quoi « faire pour joindre les deux bouts ». « Je me suis dit, Dieu m’a quand même donné les mains et la terre fertile », se rappelle l'agricultrice. C’est ainsi qu’elle se rapproche des ainés pour des conseils. Le chef du village lui cède une parcelle de terrain.
Maison de deux millions de Francs Cfa
« J’ai commencé mon premier champ de cultures mixtes (plantain, macabo et taro) il y a trois ans sur une superficie de moins d’un hectare. Les récoltes ont généré une recette d’environ 100 milles Francs», raconte Belinda Loulouamb, rencontrée en janvier 2024. Au fil des récoltes, la productrice réinvestit ses gains en acquérant quatre hectares de terre toujours avec l’aide du chef du village. Depuis, son avancée est progressive. Hormis le plantain, taro et macabo qu’elle cultive sur trois hectares, la jeune agricultrice s’est lancée dans la culture des tomates sur l’espace restant.
Grâce à ses épargnes issues de ses cotisations financières (tontines), elle a construit sa maison évaluée à environ deux millions de Francs CFA et assure régulièrement la scolarité de ses enfants. Malgré cette réussite, Belinda Loulouamb rencontre les mêmes difficultés que les autres agriculteurs de la région. La première et principale entrave est le mauvais état des routes qui empêchent les véhicules d’arriver à ses champs. «Du coup, je suis obligée de transporter la récolte sur la tête avec 4 ou 5 jeunes du village que je recrute à la tâche, parfois pendant plus de quatre jours en leur payant la journée à 1 000 Francs Cfa», déplore la productrice. Une période pendant laquelle elle enregistre des pertes, notamment des régimes de plantain, denrée hautement périssable. Une fois la récolte ramenée au village, Belinda est souvent obligée de la brader face à l’absence des moyens de locomotive. « Les revendeuses qui viennent acheter surplace le font à vil prix», se désole-t-elle.
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Pour faire face à ces pertes post récolte, la jeune femme s’est associée à d’autres producteurs. A la fin de chaque mois, ils louent une camionnette pour transporter leurs produits au marché périodique à Bertoua, capitale régionale de l’Est, situé à près de 150 kilomètres de leur village. Des dépenses financières supplémentaires qui impactent l’ensemble de leurs activités. Pour Belinda Loulouamb, les pouvoirs publics doivent améliorer leurs conditions, à travers l’aménagement des pistes agricoles, l’encadrement technique et l’appui en intrants agricoles.
Sébastian Chi Elvido