Depuis 2011, Adrien Malemo cultive de grands champs de maïs dans région de Rutshuru, à l’Est de la République démocratique du Congo. Comme de nombreux agriculteurs, il fait face au manque de marché stable et rémunérateur. Difficile de trouver des clients à chaque récolte. En mars 2016, il décide alors de créer sa propre entreprise de transformation de maïs en semoule.
« Ici chez nous, si vous voulez vendre des grains de maïs, c'est l'acheteur qui fixe le prix et tout au détriment de l'agriculteur. C'est ainsi que je me suis dit qu'il fallait créer une machine de production de la farine, une sorte de chaîne de valeurs en vue de mettre fin à cette inquiétude de manque du marché », avoue-t-il. « Agri Malemo Business » son entreprise achète auprès de producteurs locaux, passe à la transformation avant la vente qui se fait au niveau local mais aussi dans quelques cités de l'Ouganda et du Rwanda voisins.
De 18 à 25 tonnes de production en quelques mois
Au début, faute de moyens, Adrien Malemo ne transforme que quelques centaines de kilogrammes de maïs sorti de ses plantations. Très rapidement, il devient l’un des plus grands vendeurs de semoules de la région. « Je crois qu'on est entrain d'atteindre nos objectifs car les agriculteurs ne s'inquiètent plus de parcourir des très longues distances pour vendre leurs produits. Nous nous rendons directement dans leurs champs», se réjouit-il.
Entre le mois de mars et juin 2016 Agri malemo Business produisait environ 18 tonnes de maïs par mois. Depuis, la production mensuelle minimale est estimée à 25 tonnes. Le prix d’un sac de farine de 20 kilogrammes chez Agri Malemo business varie entre entre 10 000 et 12 000 Francs Cfa.
Création de l'emploi
Pour Adrien Malemo, l’un de ses objectifs est de réduire le taux de chômage. Au total, il emploie 22 jeunes dont 18 garçons et quatre filles. Des centaines de producteurs agricoles locaux bénéficient également de cette initiative : ils vendent directement à Agri malemo Business. Adrien déplore cependant la persistance de l'activisme des groupes armés dans la région qui impacte négativement sur la vie des agriculteurs, du transformateur mais aussi des consommateurs.
«L'insécurité et le phénomène de kidnapping ne permettent plus aux cultivateurs d’aller dans leurs champs, d'où la carence des matières premières sur un marché où la demande est de plus en plus forte. Des champs ont été abandonnés et du coup, nous manquons parfois de matières », regrette celui qui a été parfois contraint d’envoyer 8 employés en congé technique.
Adrien Malemo fait face à une autre difficulté cruciale : sa jeune société manque de séchoir approprié. Ce qui impacte sur la qualité de la farine. « Sans séchoir, la farine que nous produisons ne peut être conservée pendant plus de six mois. Tout juste 5 mois au plus, sinon, elle perd sa qualité », précise l’homme qui ne compte pas baisser les bras pour autant. Il cherche déjà des financements pour obtenir le meilleur séchoir.
Sammy Mupfuni à Rutshuru