Justin Owona Bodo n’a pas eu à aller chercher bien loin le nom de son produit. Il voulait un nom facile à retenir, auquel tout camerounais peut s’identifier. Le bobolo est l’autre appellation en langue locale du bâton de manioc. Pour la petite histoire, c’est l’un des mets traditionnel le plus consommé au Cameroun. Il est préparé avec de la pâte du manioc trempé pendant trois à cinq jours puis écrasée et emballée dans des feuilles de jonc (Megaphrinium macrostashum de son non scientifique) avant d’être cuit à l’étouffée. Le bâton de manioc coûte entre 25 et 100 F Cfa sur les marchés. « Il est facile à conserver surtout si on respecte les règles d’hygiène », souligne Justin Owona Bodo dont le projet de transformer le manioc a été lancé l’année dernière. Après plusieurs mois de travail, il vient de lancer «Bobolo » dont l’emballage se présente comme une délicieuse mise en bouche. Le design a été choisi avec soin, le blanc et le vert sont les couleurs dominantes. Chaque boite en cartons contient 6 barres de manioc de 50g soit 300 grammes à 500 Fcfa.
« Je me suis dit qu’il était temps de sortir ce que nos mamans font de meilleurs de la rue pour les amener dans des endroits insoupçonnés que l’on croit inaccessibles comme les supermarchés », soutient l’entrepreneur. Autour de lui pour le conforter dans son idée, il y a des sucess- story comme les marques de beignets accras. Ces succès appartiennent certes à des multinationales aux gros moyens de communication et de distribution, mais elles sont riches d’enseignements pour l’entrepreneur. Il lui faut de l’argent, plus d’un million, pour lancer son projet. Justin Owona Bodo monte un business plan solide et le dépose au ministère de la Jeunesse.
Ca tombe bien, le plan triennal spécial jeunes annoncé en février 2016 par le président Paul Biya lors de son discours à la jeunesse. Doté d'un montant de 102 milliards, il vise à faciliter l'insertion socio-économique des jeunes et leur sens civique. Justin Owono Bodo fait partie des bénéficiaires. Grâce à ce coup de pouce inestimable, il achète : laminoir, échafaudages métalliques, moules, conditionneuses à cloches, brouettes, tricycles, etc pour équipé Sodema, sa petite unité de transformation du manioc installée à Mfou commue située à 30 km de Yaoundé. Le design du « Bobolo » est certes attrayant mais cela suffira-t-il à convaincre la ménagère ayant un large choix d’acheter ce produit ? « On ne se lance pas dans ce type de projet sans étudier le marché. La diaspora est demandeuse, les populations des grandes villes aussi », affirme-t-il. Pour le moment « Le Bobolo » n’est pas encore commercialisé à grande échelle. « Il me manque l’assistance technique d’un laboratoire alimentaire de référence qui permet d’attester la qualité de mon produit. Dès que ce sera le cas, Bobolo sera lancé sur le marché. Nous allons continuer nos recherches sur le manioc pour mettre au point d’autres produits », se projette-t-il.
Elsa Kane Njiale à Yaoundé