Installées sur les trottoirs, dans les différentes rues de N’Djamena, la capitale tchadienne, elles sont nombreuses ces jeunes femmes, issues de différentes couches sociales, qui ont fait de la vente de maïs frais, leur gagne-pain quotidien. Sur la route de Farcha, au lieu-dit, rond-point « Travaux », ces vendeuses proposent des épis de maïs grillés. Celles qui vendent les céréales bouillis par contre, sillonnent les artères de la ville, avec leur marchandise pesant près de 10 Kg, posée sur la tête.
Très couru dans la capitale tchadienne, ce secteur d’activité, à en croire les différents acteurs, nécessite moins de fonds, environ dix mille Francs Cfa comme investissement. « Au début, il y avait beaucoup de maïs et le sac coûtait entre 9 500 et 10.500 F. Actuellement le prix a grimpé parce que le maïs frais est devenu rare. On préfère désormais acheter les tas de 7 épis à 500 F Cfa. Nous revendons un épis entre 100 et 150 F, selon sa grosseur », explique l’une des vendeuses. Un marché qui leur rapporte environ 3.500 F par jour, soit près de 105 000 F. CFA par mois.
Grâce à leur revenu, ces vendeuses en majorité des élèves et des femmes au foyer, financent leurs études et subviennent aux besoins de leur famille. « Mes revenus me permettent de préparer ma rentrée scolaire et c’est un objectif atteint cette année. Cette année a été un peu plus difficile, car on a senti le coup les 16 mesures (mesures prises par le gouvernement, pour juguler la crise économique que vit le pays ndr)», confie Pauline, élève en classe de 3e.
Risques de viol et de vol
Offrant, certes, de nombreux avantages, la commercialisation du maïs frais, grillé ou bouilli, n’est pas exempte des risques. De l’approvisionnement à la vente, il faut s’armer de beaucoup de patience, non seulement pour disposer de meilleurs produits mais aussi pour les écouler en bon état. Aussi, les vendeuses ambulantes font face à de nombreux obstacles au quotidien en sillonnant les rues de la capitale politique. « Nous courons les risques de viol et de vol en même temps. Quand un groupe de jeunes garçons nous interpelle, on court le risque en espérant qu’ils soient de bons clients», relate Nekingam C.
En plus de la chaleur (plus de 35oC), qu’elles doivent subir, ces vendeuses endurent les intimidations des agents municipaux qui les obligent à payer les droits d’occupation de l’espace public. Malgré ces obstacles, le défi de ces débrouillardes est de trouver des astuces pour conserver le maïs frais le plus longtemps possible, parce qu’après la saison des récoltes, ils disparaissent au profit des épis séchés. A cet effet, ces amazones envisagent de s’organiser afin de trouver un moyen de conservation dans un futur proche.
Marabey Archange, à N’Djamena-Tchad