Lorsqu’on lui demande ce qu’elle fait dans la vie, elle lâche toujours, avec un large sourire aux lèvres: « je travaille dans l’agriculture ». Une réponse qui étonne et suscite parfois des moqueries. Du haut de ses 23 ans, Tamarah Boussamba n’en démord pas. « Parfois, ces personnes éclatent de rires. L’agriculture n’est pas un métier fait pour ceux qui ont raté leur vie, assure la jeune femme. Il n’y a pas de honte à utiliser la houe et la machette. C’est une profession noble, l’une des plus importantes sur terre ».
Ayant passé son enfance auprès de sa grand-mère agricultrice, l’étudiante en Master 2 en sciences politique intelligence économique à l’université franco-gabonaise Saint-Exupéry de Libreville, constate en grandissant que l’épineux problème des agriculteurs au Gabon reste le même: la commercialisation de leurs produits. Elle trouve une solution « moderne » en fondant Agridis, une star-up spécialisée dans la commercialisation et la production des produits agricoles. Le procédé est simple. Tout se fait en ligne où Tamarah et son équipe exposent les produits. Les consommateurs parmi lesquels se trouvent des ménagères, restaurateurs, gérants d’hôtel ou particuliers, intéressés, passent la commande et tout leur est livré
Vendre en ligne70% des produits
Le Gabon dépend de l’aide extérieur, notamment des pays comme le voisin camerounais, pour satisfaire ses besoins alimentaires. La production agricole nationale couvre à peine les 40% de la demande. L’objectif d’Agridis est alors de proposer au moins 70 % de cette production nationale mais aussi, de se spécialiser dans la production. « C’est un autre défi que je dois réaliser, lance la jeune femme. Notre souci est de permettre aux agriculteurs de bien produire et de les accompagner. Nous aurons aussi des matériels agricoles en ligne et des semences ».
Comment fait-elle face aux difficultés financières que rencontrent des jeunes entrepreneurs ? Tamarah Boussamba fait partie des 1000 entrepreneurs africains 2016 retenus par la Fondation Tony Elumelu qui les finance entre 5 000 et 10 000 dollars. D’ailleurs, le milliardaire nigérian est le « mentor » de la jeune femme qui croit comme lui, en l’afro-optimisme et surtout, l'africapitalimse. « Si tu ne regardes que les difficultés, jamais tu ne réussiras. Les agriculteurs ont vraiment besoin de vendre », lâche celle qui a été sélectionnée parmi les 100 jeunes leaders retenus pour participer à la 2e session du programme américain Young African Leadership Initiative.
Pour encourager d’autres jeunes à se lancer dans l’agriculture ou l’entrepreneuriat tout simplement, cette étudiante débordant d’énergie et d’idées, fondatrice de l’association Afric’Innov a lancé le programme Pitch Your Dream qui donne la possibilité aux jeunes d’exposer leurs idées/projets, de se faire entendre, de recevoir des critiques, conseils et un suivi de leurs projets. «Ne garde pas ta connaissance pour toi car un conseil, une critique ou une orientation changera une vie ». Tamarh n’hésite pas à parler à tous d’Agridis !
Théophile Minlo